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Les contraintes de survol pour les opérateurs de drones en France

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    auverdrones
  • 3 mars
  • 6 min de lecture

L’utilisation des drones connaît une croissance exponentielle en France, qu’il s’agisse de loisirs, de photographie aérienne, de missions professionnelles ou d’usages industriels. Cependant, l’espace aérien est un domaine particulièrement sensible, où la réglementation vise à concilier les besoins des utilisateurs de drones avec des impératifs de sécurité, de protection de la vie privée et de respect de l’environnement. En France, les contraintes de survol pour les opérateurs de drones sont strictement encadrées par la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) et d’autres autorités.


Cet article explore en détail les différentes contraintes imposées aux télépilotes, qu’ils soient amateurs ou professionnels, et fournit une analyse exhaustive des règles en vigueur, des bonnes pratiques et des perspectives futures.


1. Le cadre réglementaire des drones en France : Une introduction


1.1 Les bases juridiques


En France, l’utilisation des drones est principalement régie par :


• Le Code des transports, qui régit l’espace aérien.

• Les réglementations européennes, notamment le Règlement d’exécution (UE) 2019/947 et le Règlement délégué (UE) 2019/945.

• Les arrêtés du 17 décembre 2015 (modifiés en 2018 et en 2020), qui définissent les conditions d’utilisation des aéronefs télépilotés en France.


Depuis 2021, les règles européennes harmonisées s’appliquent dans tous les États membres, offrant une structure plus cohérente pour les opérateurs souhaitant exercer au-delà des frontières nationales. En France, ces règles sont intégrées dans le cadre national, avec des spécificités liées au contexte local.


1.2 Les catégories opérationnelles européennes


Les drones sont classés selon trois catégories opérationnelles :

Catégorie ouverte (Open) : pour les vols à faible risque, accessibles aux amateurs et professionnels sous certaines conditions.

Catégorie spécifique (Specific) : pour des opérations présentant un risque modéré, nécessitant une évaluation et une autorisation préalable par les autorités.

Catégorie certifiée (Certified) : pour les opérations à haut risque, par exemple le transport de passagers ou de marchandises lourdes.


En fonction de ces catégories, les télépilotes doivent respecter des contraintes spécifiques liées au survol.


2. Les zones interdites et réglementées : Comprendre les restrictions spatiales


2.1 Les zones de survol interdit


Certaines zones sont strictement interdites au survol par des drones, quelle que soit leur catégorie. Ces interdictions visent à protéger :


1. Les infrastructures sensibles :


• Centrales nucléaires, barrages hydroélectriques, réseaux de télécommunication.

• Sites militaires ou stratégiques (radars, bases aériennes).


2. Les zones urbaines :


• Par défaut, les zones densément peuplées sont interdites au survol pour limiter les risques d’accidents. Sauf pour les télépilotes professionnels ayant notifier leur vol.


3. Les zones proches des aéroports :


• Ces zones sont soumises à des restrictions très strictes pour éviter tout risque d’interférence avec le trafic aérien.


Des cartes interactives, telles que celles disponibles sur Geoportail drones, permettent aux télépilotes d’identifier ces zones en temps réel.


2.2 Les zones réglementées et contrôlées


Dans certaines zones, les vols ne sont pas totalement interdits, mais soumis à des restrictions :


Zones CTR (Control Traffic Region) : Ces espaces proches des aéroports nécessitent une autorisation préalable.

Zones temporaires réglementées : Lors d’événements spécifiques (manifestations, visites officielles, etc.), des restrictions temporaires peuvent être mises en place.


Les opérateurs doivent effectuer une déclaration préalable ou obtenir une autorisation spécifique auprès des autorités compétentes.


3. Les limites d’altitude et de distance de vol


3.1 La hauteur maximale de vol


La réglementation française limite le vol des drones à une hauteur maximale de 120 mètres au-dessus du sol. Cette limite :


• Réduit les risques de collision avec les aéronefs habités (avions, hélicoptères).

• Assure une séparation efficace entre les différents types d’usagers de l’espace aérien.


Dans certains cas, comme dans les zones proches des infrastructures critiques ou des aéroports, cette hauteur peut être abaissée à 50 ou 30 mètres.


3.2 La distance horizontale


Les drones doivent toujours rester dans le champ de vision du télépilote, sauf dérogation pour les usages professionnels (vols Beyond Visual Line of Sight, ou BVLOS). Pour les amateurs, cela signifie :


• Une distance maximale de 500 mètres.

• L’obligation d’avoir un contact visuel direct avec l’appareil.


Les drones équipés de systèmes de retour vidéo en temps réel permettent d’augmenter la portée, mais les réglementations exigent un suivi visuel par un observateur, même dans ce cas.


4. Les autorisations et déclarations nécessaires


4.1 Le portail AlphaTango


Les opérateurs de drones en France doivent s’inscrire sur le portail AlphaTango, qui centralise les démarches administratives, comme :

• L’enregistrement des drones pesant plus de 250 grammes.

• Les déclarations de vol dans les zones réglementées.

• Les demandes de dérogation pour les scénarios spécifiques.


4.2 Les scénarios professionnels


En France, les vols professionnels sont définis selon des scénarios standardisés :


S1 : Vol en vue directe dans un espace non peuplé.

S2 : Vol hors vue directe dans un espace non peuplé.

S3 : Vol en vue directe dans une zone peuplée.

S4 : Vols spécifiques pour des missions complexes.


Depuis le 1er janvier 2024, les scénarios standards européens STS-01 et STS-02 viennent progressivement remplacer les scénarios standards français.


  • STS-01 : Vol en vue directe dans un espace peuplées avec un drone C5.

  • STS-02 : Vol jusqu’à 2 km dans un espace faiblement peuplées avec un drone C6.


Chaque scénario impose des exigences spécifiques en termes de formation, d’équipements et d’autorisations.


5. Formation et certifications des télépilotes


5.1 Les exigences de formation pour les amateurs


Pour les drones de plus de 250 grammes, les télépilotes amateurs doivent :

• Suivre une formation en ligne gratuite sur AlphaTango.

• Passer un test théorique portant sur les bases de la réglementation et les bonnes pratiques de pilotage.


5.2 Les certifications professionnelles


Pour les usages professionnels, les télépilotes doivent :


• Obtenir le Certificat d’Aptitude Théorique de Télépilote (CATT) ou le Certificat d'Aptitude Théorique de pilote à distance pour les Scénarios standards (CATS), délivré après examen auprès d’une autorité agréée.

• Suivre une formation pratique spécifique pour chaque scénario opérationnel envisagé.


6. Vie privée et protection des données personnelles


L’utilisation des drones soulève des préoccupations importantes en matière de vie privée. En France :

Filmer ou photographier des personnes sans leur consentement est strictement interdit.

• Les images capturées par un drone ne peuvent pas être diffusées ou utilisées sans autorisation, sauf dans des contextes journalistiques spécifiques protégés par la loi.


7. Les contraintes environnementales


Les drones peuvent perturber les écosystèmes sensibles, en particulier les habitats de la faune sauvage. C’est pourquoi certaines zones, comme les parcs nationaux, imposent des restrictions strictes de survol.


8. Les obligations en matière d’assurance et de sécurité


8.1 Assurance responsabilité civile


Tous les opérateurs, amateurs comme professionnels, doivent souscrire une assurance responsabilité civile pour couvrir les dommages causés par leur drone.


8.2 Les équipements de sécurité


Les drones de plus de 800 grammes doivent être équipés de dispositifs de signalement électronique et lumineux, permettant leur identification à distance.


9. Les perspectives d’avenir et évolutions réglementaires


La réglementation évolue constamment pour s’adapter à l’augmentation du nombre d’utilisateurs et à l’émergence de nouvelles technologies (livraison par drone, taxis volants, etc.). La France participe activement à la définition des règles européennes pour structurer cet espace émergent.





Pour conclure, l’essor des drones en France témoigne de leur immense potentiel dans des secteurs variés : loisirs, agriculture, industrie, surveillance, sécurité ou encore logistique. Cependant, cet engouement s’accompagne de responsabilités importantes. La réglementation stricte mise en place par les autorités françaises, en cohérence avec les règles européennes, constitue un cadre nécessaire pour encadrer l’utilisation des drones et protéger à la fois les usagers, les infrastructures et l’environnement.


La complexité de la législation peut parfois décourager certains utilisateurs, mais elle répond à des enjeux cruciaux. Ces contraintes ne sont pas là pour brider l’innovation, mais pour éviter les risques liés à une utilisation incontrôlée. Sécurité aérienne, respect de la vie privée : autant de domaines où une réglementation stricte est indispensable pour prévenir les incidents et garantir un usage harmonieux des drones.


Pour les opérateurs de drones, amateurs ou professionnels, il est essentiel de prendre le temps de s’informer, de se former et de s’équiper correctement avant de prendre les commandes d’un appareil. Les télépilotes doivent se rappeler que chaque vol engage leur responsabilité civile et parfois même pénale.


Enfin, il est important de noter que l’avenir du secteur repose sur une coopération continue entre les autorités, les fabricants de drones, les télépilotes et les citoyens. Les avancées technologiques, comme l’intégration de l’intelligence artificielle, la gestion automatisée de l’espace aérien ou le développement de drones plus sûrs, devraient permettre une expansion progressive des usages tout en maintenant un cadre réglementaire adapté. L’objectif est clair : permettre à la France de rester un leader dans l’innovation aérienne tout en garantissant un équilibre entre liberté d’utilisation et respect des impératifs de sécurité et de durabilité.

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